Utilisés dans l’authentification à deux facteurs (2FA) ou dans des mécanismes plus avancés de MFA (Multi-Factor Authentication), l’OTP représente une réponse historique – car élaborée dans les années 80 des systèmes militaires et bancaires- pragmatique, mais non sans limites, à la question sensible de la sécurisation des identités numériques.
Un OTP (One-Time Password) est un mot de passe temporaire généré pour une seule session ou transaction : un mot de passe à usage unique. Il expire rapidement après utilisation ou après un délai très court (30 secondes à quelques minutes).
Contrairement aux mots de passe statiques, un OTP change constamment et n’est valide qu’une seule fois, ce qui rend son interception quasi inutile pour la plupart des attaquants.
Il existe principalement deux méthodes pour générer des OTP :
Ici le mot de passe est basé sur l’heure actuelle, une clé secrète partagée, et généré à intervalles réguliers (ex : toutes les 30 secondes). Ce procédé est utilisé par des applications comme Google Authenticator, Microsoft Authenticator.
L’avantage : pas besoin d’être connecté à Internet. L’inconvénient : la méthode nécessite une synchronisation horaire entre le serveur et le client.
Ici, l’OTP est calculé via une fonction HMAC, avec un compteur comme variable d’entrée.
HMAC signifie Hash-based Message Authentication Code : une méthode cryptographique qui combine une clé secrète et un message (ici, le compteur) pour produire un code unique et sécurisé. Chaque demande d’OTP incrémente un compteur numérique de 1. Ce compteur doit rester synchronisé entre le client et le serveur pour que l’OTP soit valide.
Avantage : le système est indépendant de l’heure, donc il évite les problèmes de décalage ou de désynchronisation liés à l’horloge du système..
Inconvénient : il exige la synchronisation du compteur. Si le compteur du client et celui du serveur ne sont plus alignés (par exemple si un OTP est généré mais non utilisé), l’authentification échoue — il faut donc gérer cette synchronisation avec soin.
L’OTP peut être un composant d’un mécanisme d’authentification multi facteurs (MFA). Le principe du MFA repose en effet sur la combinaison d’au moins deux facteurs parmi les trois suivants :
L’OTP relève de la catégorie « quelque chose que vous avez », par exemple un smartphone avec une application d’authentification ou un token physique (type RSA SecurID).
L’OTP présente encore bien des avantages d’un point de vue sécurité.
Le procédé présente néanmoins des limites évidentes :
Bien que largement répandue, l’envoi d’OTP par SMS est aujourd’hui déconseillé dans les environnements critiques :
Mieux vaut privilégier les OTP générés par applications d’authentification ou via tokens physiques FIDO2/U2F.
Dans une stratégie d’infogérance et de sécurité managée, l’OTP reste un outil de mitigation des risques au niveau des accès distants (VPN, RDP, Cloud), des connexions aux systèmes internes sensibles, des workflows critiques : approbation de paiements, administration IT, etc.
Il est aussi fréquemment intégré via des solutions IAM (Identity & Access Management) telles que Okta, Duo, Azure AD, ou via des proxies d’authentification centralisée.
Si l’OTP constitue un pilier historique du MFA, on peut s’interroger sur son avenir dans certains usages. Les attaques deviennent de plus en plus sophistiquées et certaines parviennent déjà à la contourner. Les technologies comme WebAuthn/FIDO2 proposent des authentifications sans mot de passe, plus robustes.
Enfin, la biométrie et les tokens cryptographiques prennent le relais dans les contextes à très haute sécurité.
L’OTP reste cependant très pertinent pour des usages intermédiaires, notamment dans les PME ou comme barrière supplémentaire dans un modèle de défense en profondeur (defense-in-depth). Il ne doit simplement pas être l’unique protection.
La véritable question n’est plus de savoir si l’OTP est utile, mais dans quels cas son usage reste pertinent. Dans un environnement où les menaces évoluent rapidement et ciblent désormais les mécanismes d’authentification eux-mêmes, il devient indispensable de dépasser le modèle d’authentification ponctuelle et statique. Les entreprises doivent adopter une approche fondée sur une authentification contextuelle et adaptative, capable d’évaluer en temps réel le niveau de risque associé à chaque tentative d’accès. L’OTP conserve une valeur en tant que composant transitoire ou complémentaire, mais il ne peut plus être considéré comme une protection suffisante à lui seul face aux attaques avancées.
L’OTP demeure un outil central dans l’arsenal de sécurité des entreprises. Il est simple, efficace, éprouvé, mais doit être intégré dans une stratégie MFA robuste, contextualisée et régulièrement réévaluée.
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